Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 06:51

L’erreur.


L’erreur, en arabe « Al Khattâ’ » (الخطأ  ) peut avoir deux sens :

 

1) C’est le fait de vouloir suivre la vérité mais de suivre le faux par erreur. Cette forme d’erreur n’est autre que la mauvaise interprétation que nous venons de détailler au chapitre précédant, et nous y avons vu que celui qui contredit l’Unicité d’Allah ou la prophétie de Mouhammad par mauvaise interprétation n’est pas excusé et que cela n’empêche pas son expulsion de l’Islam. Si un homme disait : j’ai observé l’univers et j’ai lu les 3 livres saints, et j’en déduis qu’il y a 3 vraies religions et 3 vrais dieux ; aucun musulman ne peut douter qu’une telle personne n’est pas musulmane et que son erreur ne l’empêche pas de sortir de l’Islam. De même celui qui par erreur pense qu’on peut invoquer un autre qu’Allah ou légiférer d’autres lois que les Siennes…


2) C’est le fait de vouloir faire quelque chose de bien précis mais de faire autre chose par erreur. C’est cette forme d’erreur qui empêche le musulman de sortir de l’Islam.

 

Cette deuxième forme d’erreur, c’est elle qui consiste en un empêchement du Takfîr, lorsque le musulman se trompe de sa langue ou de son geste sans faire exprès.

 

Et pour distinguer entre l’erreur et l’acte délibéré il faut qu’il y ait des indices dans le contexte de l’acte qui nous montre que la personne n’a pas voulu dire ou faire ce qu’elle a dit ou fait.

 

Et cette forme d’erreur empêche le musulman de sortir de l’Islam que cela soit une parole ou un acte invalidant le fondement de l’Islam ou une branche de l’Islam.

 

Exemples :

 

a) Jeter des feuilles à la poubelle, sans remarquer que dans le tas de feuilles se trouve des pages du Coran.

 

b) Le lapsus, qui consiste à prononcer un mot alors qu’on voulait en prononcer un autre, comme dans le Hadîth où l’homme qui venait de retrouver sa monture dans le désert, s’écria par joie intense « Ô Allah ! Je suis ton maître et tu es mon serviteur ! » alors qu’il voulait dire le contraire, mais sa langue a glissé.  

 

c) Se tromper en récitant le Coran, comme lorsqu’on récite par erreur « Innamâ yakhcha LLâhu min 3ibâdihi » (certes Allah a peur de ses serviteurs) au lieu de « Innamâ yakhcha LLâha min 3ibâdihi » (certes ceux qui ont peur d’Allah parmi Ses serviteurs…) on voit qu’en simple fonction de la terminaison du mot « Allah », le sens de la phrase change totalement, lorsqu’on met la terminaison « Allaha » c’est un sens correct, et lorsqu’on met la terminaisons « Allahu » cela signifie que c’est Allah qui a peur, et ceci est une mécréance qui invalide l’Islam si elle est prononcée exprès  et en connaissance de cause. Pourtant beaucoup de gens commettent cette faute sans même se rendre compte de sa conséquence, soit car ils ne connaissent pas les règles de grammaire de l’arabe soit tout simplement car ils n’ont pas fait attention.

 

·          Les preuves de cet empêchement d’apostasie sont :

Le verset : « Ô notre Seigneur ! Ne nous punis pas s’il nous arrive d’oublier ou de nous tromper » Sourate 2 verset 286.

 

Et le verset : « Nul blâme sur vous pour ce que vous faites par erreur, mais (vous serez blâmés pour) ce que vos cœurs font délibérément. Allah, cependant, est Pardonneur et Miséricordieux. » Sourate 33 verset 5

 

Ainsi que le Hadîth rapporté par Mouslim : Le messager d’Allah, que la Paix d’Allah soit sur lui, a dit : « Allah est plus heureux lorsqu’un de Ses serviteur se repentit, que n’est heureux celui qui retrouve sa monture dans le désert, alors qu’elle s’était enfuie et qu’il attendait la mort ; il dit alors « Ô Allah ! Je suis ton maître et Tu es mon serviteur ! » Il s’est trompé à cause de sa grande joie ! » C'est-à-dire : il voulait dire le contraire, mais sa langue s’est emmêlée.

 

Ibn Taymiya dit à ce sujet :

وقد يسبق اللسان بغير ما يقصد القلب كما يقول الداعي من الفرح اللهم أنت عبدي 

« Il arrive que la langue parle trop vite et aille à l’opposé de l’intention [du locuteur] ; comme lorsque celui qui invoque Allah par joie intense dit « Ô Allah, Tu es mon serviteur  » [Radd ‘Alâ Al Bakrî page 244]

 

Ibn Al Qayyim dit :

وقد قال حمزة للنبي صلى الله عليه وسلم هل أنتم إلا عبيد لأبي وكان نشوانا من الخمر فلم يكفره بذلك وكذلك الصحابي الذي قرأ قل يا أيها الكافرون أعبد ما تعبدون ونحن نعبد ما تعبدون وكان ذلك قبل تحريم الخمر ولم يعد بذلك كافرا لعدم القصد وجريان اللفظ على اللسان من غير إرادة لمعناه. فإياك أن تهمل قصد المتكلم ونيته وعرفه فتجنى عليه وعلى الشريعة وتنسب إليها ما هي بريئة منه 

  « Et Hamza avait dit au prophète, qu’Allah le bénisse et le salue, « Vous n’êtes que des adorateurs de mon père… » Mais il était en état d’ivresse, alors il n’est pas devenu mécréant pour cela, tout comme le compagnon qui récita : « Dis Ô vous les mécréants, j’adore ce que vous adorez et nous adorons ce que vous adorez… » Et ceci fut avant l’interdiction de l’alcool, et il ne fut pas considéré mécréant pour cela car il n’avait pas d’intention de dire ce qu’il a prononcé de sa langue, et le dit sans vouloir sa signification. Alors prend garde à ne pas négliger l’objectif du locuteur, son intention et l’usage qu’il a de son langage, sans quoi tu sera injuste tant envers lui qu’envers la Charia, et tu l’accusera de ce qu’il est innocent ! » [I‘lâm Al Moûqi‘în 3/53]

 

Le fait de croire qu’un mot ou un geste signifie quelque chose alors qu’en fait il signifie autre chose 

Le faite de juger les hommes responsables de leurs actes en fonctions de leurs propos dépends de l’usage et des conventions de langages qu’il existe entre eux, ainsi toute personne qui prononcera une parole ne sera jugé qu’en fonction de la compréhension qu’il à quant à la signification des mots qu’il a utilisé ; si les mots qu’il a prononcé signifient qu’un autre qu’Allah est égal à Allah et qu’il comprend le sens de ces mots : il sera jugé mécréant. Mais s’il ne connaissait pas le sens de ces mots et qu’il les a prononcé par erreur il ne sera pas licite de le juger mécréant ou de le bannir de l’Islam tant qu’on ne lui aura pas expliqué le sens de ses mots :

 

Ibn Taymiya dit :

وليس لأحد أن يكفر أحداً من المسلمين – وإن أخطأ وغلط- حتى تقام عليه الحجة ، وتبين له المحجة ، ومن ثبت إسلامه بيقين لم يزل ذلك عنه بالشك ، بل لا يزول إلا بعد إقامة الحجة وإزالة الشبهة 

« Il n’appartient à personne de bannir de l’Islam un musulman –même s’il se trompe ou commet une erreur- tant que la preuve ne lui est pas établie et qu’il ait compris l’objectif. Et lorsque l’Islam d’une personne est confirmé avec certitude cela ne peut être invalidé sur base d’un doute. L’Islam de cette personne ne cessera au contraire qu’après que la preuve lui ait été apporté et qu’il n’ait plus de confusion. » [Majmoû3 Al Fatâwâ 12/250]


Et il dit :

المسلم إذا عنى معنى صحيحا في حق الله تعالى أو الرسول ولم يكن خبيرا بدلالة الألفاظ فأطلق لفظا يظنه دالا على ذلك المعنى و كان دالا على غيره أنه لا يكفر و من كفر مثل هذا كان أحق بالكفر فإنه مخالف للكتاب و السنة و إجماع المسلمين 

            « Lorsque le musulman veut désigner Allah ou Son messager par une signification  correcte mais qu’il n’était pas informé du vrai sens des termes qu’il utilise, et qu’il décrit [Allah et Son messager] par des termes qu’il pense vouloir signifier ce sens correct mais qu’en réalité ces termes veulent dire autre chose ; il ne devient pas mécréant. Et celui qui juge mécréant une telle personne mérite plus que lui d’être mécréante car il contredit le Coran ; la Sounna et l’unanimité des musulmans. » [Ar-Radd ‘Alâ Al Bakrî pages 341]

 

Ibn Al Qayyim a dit :

الألفاظ موضوعة للدلالة على ما في النفس إن الله تعالى وضع الألفاظ بين عباده تعريفا ودلالة على ما في نفوسهم فإذا أراد أحدهم من الآخر شيئا عرفه بمراده وما في نفسه بلفظه ورتب على تلك الإرادات والمقاصد أحكامها بواسطة الالفاظ ولم يرتب تلك الأحكام على مجرد ما في النفوس من غير دلالة فعل أو قول ولا على مجرد ألفاظ مع العلم بأن المتكلم بها لم يرد معانيها ولم يحط بها علما بل تجاوز للأمة عما حدثت به انفسها ما لم تعمل به أو تكلم به وتجاوز لها عما تكلمت به مخطئة أو ناسية أو مكرهة أو غير عالمة به إذا لم تكن مريدة لمعنى ما تكلمت به أو قاصدة اليه فإذا اجتمع القصد والدلالة القولية أو الفعلية ترتب الحكم هذه قاعدة الشريعة وهي من مقتضيات عدل الله وحكمته ورحمته 

« Les mots ont été mis en place afin d’exprimer ce qu’il y a dans l’âme. Allah a certes mis en place des mots entre les gens afin qu'ils puissent expliquer et indiquer ce qu’il y a dans leurs âmes. Lorsque l’un d’entre eux veut quelque chose de la part d’un autre : il pourra lui faire connaître sa volonté à travers ces mots. Et Allah a fait découler de ces intentions et de ces volontés toute une série de règles par le biais des mots, et Il n’a pas fait découler ces règles en fonction de ce qui se trouve dans les âmes uniquement sans que cela ne s’exprime par un acte ou une parole, ni en fonction de simples mots lorsqu’on sait que celui qui les a prononcé ne voulait pas leur signification réelle ou ne la connaissait pas ; au contraire Il a pardonné à cette communauté ce qui ce passe en leurs âmes sans le mettre en pratique ni sans le prononcer, et Il a pardonné ce qu’ils prononcent par erreur ou par oubli, ou par contrainte ou sans le savoir, lorsque l’âme ne visait pas le sens de ce qu’elle a prononcé ou ce qui n’est pas intentionnel. C’est lorsque sont réunis l’intention et la signification de la parole ou de l’acte que le statut en découle. Et ceci est un principe légal, qui est l’effet de la Justice d’Allah, et Sa Sagesse et de Sa Miséricorde. » [I‘lâm Al Moûqi‘în 3/105]

 

Et il dit aussi :

لو نطق بكلمة الكفر من لا يعلم معناها لم يكفر 

« Celui qui prononce une parole de mécréance sans savoir ce qu’elle veut dire, il ne devient pas mécréant. » [I‘lâm Al Moûqi‘în 3/63]

 

Et il dit :

الالفاظ بالنسبة الى مقاصد المتكلمين ونياتهم وإراداتهم لمعانيها ثلاثة أقسام القسم الاول من أقسام الالفاظ  أحدها ان تظهر مطابقة القصد للفظ وللظهور مراتب تنتهي الى اليقين والقطع بمراد المتكلم بحسب الكلام في نفسه وما يقترن به من القرائن الحالية واللفظية وحال المتكلم به وغير ذلك كما إذا سمع العاقل والعارف باللغة قوله ص - إنكم سترون ربكم عيانا كما ترون القمر ليلة البدر ليس دونه سحاب وكما ترون الشمس في الظهيرة صحوا ليس دونها سحاب لا تضارون في رؤيته إلا كما تضارون في رؤيتها فإنه لا يستريب ولا يشك في مراد المتكلم وأنه رؤية البصر حقيقة وليس في الممكن عبارة أوضح ولا أنص من هذه ولو اقترح على أبلغ الناس ان يعبر عن هذا المعنى بعبارة لا تحتمل غيره لم يقدر على عبارة أوضح ولا أنص من هذه وعامة كلام الله ورسوله من هذا القبيل فإنه مستول على الامد الاقصى من البيان 

فصل القسم الثاني من اقسام الالفاظ القسم الثاني ما يظهر بأن المتكلم لم يرد معناه وقد ينتهي هذا الظهور إلى حد اليقين بحيث لا يشك السامع فيه وهذا القسم نوعان أحدهما أن لا يكون مريدا لمقتضاه ولا لغيره والثاني أن يكون مريدا لمعنى يخالفه فالأول كالمكره والنائم والمجنون ومن اشتد به الغضب والسكران والثاني كالمعرض والمورى والملغز والمتأول 

فصل القسم الثالث من أقسام الالفاظ القسم الثالث ما هو ظاهر في معناه ويحتمل إرادة المتكلم له ويحتمل إرادته غيره ولا دلالة على واحد من الامرين واللفظ دال على المعنى الموضوع له وقد أتى به اختيارا 

متى يحمل الكلام على ظاهره فهدة اقسام الالفاظ بالنسبة إلى إرادة معانيها ومقاصد المتكلم بها وعند هذا يقال إذا ظهر قصد المتكلم لمعنى الكلام أو لم يظهر قصد يخالف كلامه وجب حمل كلامه على ظاهره والادلة التي ذكرها الشافعي رضي الله عنه وأضعافها كلها إنما تدل على ذلك وهذا حق لا ينازع فيه عالم والنزاع إنما هو في غيره 

 « Les mots, quant à ce que vise par eux les locuteurs et à leur intention et à ce qu’ils veulent dire par eux, se divisent en 3 catégories de mots :

La première est qu’il apparaisse la concordance entre l’objectif du locuteur et le mot qu’il a utilisé. Or l’apparence peut avoir plusieurs degré dont le dernier atteint la certitude catégorique de ce que veut dire le locuteur, en fonction de la parole en elle-même et du contexte de la situation ainsi que l’état du locuteur et d’autres indices encore. Par exemple lorsqu’une personne doté de sa raison ayant connaissance de la langue [du prophète] et qui l’entend dire « Vous allez certes voir votre Seigneur de vos propres yeux comme vous voyez la lune la nuit lorsqu’il n’y a pas de nuage et comme vous voyez le soleil en plein jour lorsqu’il n’y a pas de nuage et vous n’aurez aucun mal à Le voir tout comme vous n’avez aucun mal à les voir ! » eh bien il n’y a pas l’ombre d’une hésitation ni d’un doute quant à ce qu’a voulu dire le locuteur, et qu’il s’agit bien d’une vision oculaire réelle et qu’il n’est absolument pas possible de trouver une expression plus claire et plus évidente que celle-ci ; même si on proposait à la plus éloquente personne d’exprimer plus clairement le sens de cette phrase d’une expression ne pouvant signifier autre chose : il n’en serait pas capable. Et en général la parole d’Allah et de Son messager sont de ce genre…

La deuxième : lorsqu’il apparaît que le locuteur ne voulait pas dire ce que signifie le mot qu’il a utilisé ; et cette apparence peut atteindre le degré de la certitude de telle manière que l’auditeur n’a pas le moindre doute [que le locuteur ne voulait pas dire le sens du mot utilisé.]

Et cette catégorie est de deux formes :

1)       Qu’il ne vise ni l’implication de ce mot ni autre chose.

2)       Qu’il voulait par ce mot dire exactement le contraire de ce qu’il signifie.

Le premier est comme celui qui parle sous la contrainte, ou celui qui dort, ou le fou, ou celui qui parle sous l’emprise d’une grande colère, ou sous l’ivresse.

Le deuxième lui est plutôt comme celui qui joue avec les mots, qui ruse ou qui commet une erreur d’interprétation [des mots qu’il utilise].

La troisième : Lorsque le sens du mot est apparent mais qu’il existe une probabilité que le locuteur visait le sens apparent ou alors qu’il visait autre chose, et qu’il n’existe rien qui indique l’une des deux options. Or, le mot indique la signification pour laquelle on l’a mis en place, et ce locuteur l’a prononcer librement et par choix.

Quant est-ce qu’on donne à la parole son sens apparent ? Ceci sont les trois catégories de mots par rapport à ce que vise le locuteur comme signification ; ainsi nous disons que : lorsqu’il apparaît que le locuteur visait bien le sens de sa parole et ne visait pas le contraire il sera obligatoire de comprendre sa parole en l’apparence, et les preuves mentionnées par Châfi3î, qu’Allah l’agrée, prouvent toutes cela, et ceci est une vérité sur laquelle aucun savant ne diverge, leur divergence porte sur autre chose. » [I‘lâm Al Moûqi‘în 3/107] 

 

Et il dit :

وهذا الذي قلناه من اعتبار النيات والمقاصد في الالفاظ وانها لا تلزم بها أحكامها حتى يكون المتكلم بها قاصدا لها مريدا لموجباتها كما أنه لا بد أن يكون قاصدا للتكلم باللفظ مريدا له فلا بد من إرادتين إرادة التكلم باللفظ اختيارا وإرادة موجبه ومقتضاه بل إرادة المعنى آكد من إرادة اللفظ فإنه المقصود واللفظ وسيلة هو قول أئمة الفتوى من علماء الإسلام 

« Et ce que nous avons dit concernant la prise en compte de l’intention et du but recherché à travers les mots ; et que [les mots] n’entrainent aucun jugement tant que le locuteur ne les a pas volontairement prononcé en visant par eux leur signification, tout comme il faut également qu’il ait voulu les prononcer. Il y a donc deux volonté qui doivent être présente : premièrement la volonté de prononcer le mot par choix, et deuxièmement la volonté de la signification de ce mot. D’ailleurs le fait de vouloir la signification du mot est plus important que le fait de vouloir le mot en soit vu que [c’est la signification du mot] qui est le but recherché par [le locuteur] alors que le mot en soit n’est qu’un moyen de l’exprimer. Et ceci est l’avis des Imâms de la Fatwa et des savants de l’Islam. » [I‘lâm Al Moûqi‘în 3/62]


Et cette nuance est extrêmement importante, car aujourd’hui la plupart des musulmans pensent que lorsqu’un homme commet un acte ou tient des propos sans savoir ce que cet acte ou cette parole représente et signifie réellement : il n’est pas excusé et devient mécréant, et ils pensent que celui qui excuse ce genre de personne est un égaré car il adhère à la thèse de l’excuse d’ignorance ! Alors que cette question n’a rien a voir avec la thèse de l’excuse d’ignorance, cela concerne l’ignorance de la réalité et de la situation.

 

Parmi les questions en rapport avec ce problème : celui qui signe un contrat contenant des clauses impies : si le signataire ignore que cette signature représente son acceptation de toutes les clauses, mais qu’il pense que cette signature signifie qu’il déclare avoir lu le contrat et avoir pris connaissance de ses clauses : cette personne ne devient pas mécréante pour cette signature et il sera même interdit de l’accuser d’avoir accepter la mécréance contenu dans ce contrat, vu qu’à la base il ne pense même pas que son geste signifiait l’acceptation.

 

De même, si ce signataire pense que la signature est un geste à double sens, et que ce n’est pas une acceptation claire des clauses du contrat, et qu’en vertu de cette confusion il s’est permis de signer en visant par là le geste n’indiquant pas l’acceptation : une telle personne n’est pas mécréante non plus, car il pense avoir utilisé un geste à double sens.

 

Celui qui devient mécréant, c’est celui qui signe en étant conscient que ce geste ne signifie rien d’autre que l’acceptation, car il aura alors obéit aux mécréants dans la mécréance et ceci invalide l’Islam ; même s’il l’a fait pour préserver ses biens tout en détestant cela dans son cœur ça ne change rien.

 

Et cette règle est valable pour absolument toute parole et toute acte que commet un musulman par erreur de compréhension de la signification de la parole ou du geste qu’il commet. Et celui qui prétend qu’il y a une exception ; il devra apporter une preuve.

 

Un autre thème est celui du vote blanc : certains frères ont jugé mécréant certains savants qui sont d’avis que le vote blanc n’exprime pas l’acceptation de la démocratie ni ne consiste à donner un égal à Allah ; et la raison pour laquelle ces frères ont jugé ces savants mécréants est qu’ils prétendent qu’en donnant cette fatwa ces savants ont légalisé le Chirk !

 

Cela prouve que ces frères sont des ignares qui ne comprennent rien à la question de l’erreur. Ceci car, en imaginant que ces savants ont tord lorsqu’ils estiment que le vote blanc n’exprime pas l’acceptation de la démocratie ; ceci revient exactement au même cas que celui qui prononce un mot en pensant qu’il signifie autre chose, comme l’ont noté Ibn Taymiya, Ibn Al Qayyim et le reste des savants.

 

De même certaines formes de sorcellerie échappent aux gens, comme le Sarf et le 3Atf , il arrive que des gens ignorent que le sorcier recours à la magie et aux démons pour préparer ses élixirs ; ce pourquoi Mouhammad Ibn ‘Abdelwahhâb dit :

فإن الذي لم تقم عليه الحجة، هو الذي حديث عهد بالإسلام، والذي نشأ ببادية بعيدة، أو يكون ذلك في مسألة خفية، مثل الصرف والعطف، فلا يكفر حتى يعرف. 

 « Certes celui à qui la preuve n’est pas parvenue est celui qui vient de se convertir à l’Islam ou qui vit dans un désert lointain, ou alors lorsqu’il s’agit d’une question subtile comme le Sarf et le 3Atf : une telle personne ne sort pas de l’Islam tant que l’explication ne lui est pas parvenue » [Dourar Saniyya 10/93]

 

De même certains savants ont divergé sur le statut de celui qui porte un crucifix à son coup : est-ce que cela prouve forcément sa reconnaissance du culte de la croix et de la religion des chrétiens ? Et est-ce que cela prouve forcément son adhésion au christianisme ?

 

Mouhammad Ibn Mouflih[1] dit :

وَفِي الِانْتِصَارِ : مَنْ تَزَيَّا بِزِيِّ كُفْرٍ مِنْ لُبْسِ غِيَارٍ وَشَدِّ زُنَّارٍ وَتَعْلِيقِ صَلِيبٍ بِصَدْرِهِ حَرُمَ وَلَمْ يُكَفَّر...

وَفِي الْفُصُولِ : إنْ شَهِدَ عَلَيْهِ بِأَنَّهُ كَانَ يُعَظِّمُ الصَّلِيبَ مِثْلَ أَنْ يُقَبِّلَهُ ، وَيَتَقَرَّبَ بِقُرْبَانَاتِ أَهْلِ الْكُفْرِ وَيُكْثِرَ مِنْ بِيَعِهِمْ وَبُيُوتِ عِبَادَاتِهِمْ ، احْتَمَلَ أَنَّهُ رِدَّةٌ ، لِأَنَّ هَذِهِ أَفْعَالٌ تُفْعَلُ اعْتِقَادًا ، وَيَحْتَمِلُ أَنْ لَا يَكُونَ اعْتِقَادًا ، لِأَنَّهُ قَدْ يَفْعَلُ ذَلِكَ تَوَدُّدًا أَوْ تُقْيَةً لِغَرَضِ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا ، وَالْأَوَّلُ أَرْجَحُ ، لِأَنَّ الْمُسْتَهْزِئَ بِالْكُفْرِ يَكْفُرُ ، وَإِنْ كَانَ عَلَى ظَاهِرٍ يَمْنَعُ الْقَصْدَ ، فَأَوْلَى أَنْ يَكُونَ الْفَاعِلُ لِأَفْعَالٍ مِنْ خَصَائِصِ الْكُفْرِ أَنْ يَكْفُرَ ، مَعَ عَدَمِ ظَاهِرٍ يَدُلُّ عَلَى عَدَمِ الْقَصْدِ ، بَلْ الظَّاهِرُ أَنَّهُ قَصْدٌ 

« Et dans « Al Intiçâr » : celui qui se vêtit avec un vêtement de mécréant comme en portant un Zinâr ou en accrochant un crucifix sur sa poitrine : que ceci est illicite mais que son auteur n’est pas bannis de l’Islam… » jusqu’à ce qu’il dise : « Et dans « Al Fouçoûl » : s’il atteste qu’il a vénéré le crucifix en l’embrassant par exemple, et qu’il lui a offert un culte tel les mécréants et qu’ils se rend fréquemment dans leurs lieux de cultes : il est probablement un apostat car ce genre d’actes se font avec conviction. Et il est aussi possible qu’il le fasse sans conviction en faisant ça par gentillesse ou par ruse pour obtenir quelque chose de ce bas monde, mais c’est la première thèse qui est la plus juste car celui qui se moque avec de la mécréance devient mécréant, même si en l’apparence il n’y a pas d’intention ; le plus apparent est que celui qui commet des gestes propres à la mécréance devient mécréant tant qu’il n’y a rien en l’apparence qui indique que ce n’est pas intentionnel ; au contraire l’apparent montre que c’est intentionnel… » [Al Fouroû’ 6/168, 169]

On voit donc ici que certains savants divergent sur la question de savoir si oui ou non porter une croix prouve clairement qu’on s’affilie aux christianisme, et que certains savants ne jugent pas mécréant celui qui attache un crucifix à son coup. Mais cette divergence repose sur l’interprétation de l’acte et non sur la question de savoir s’il est licite d'honorer les idoles ou non.

 

Ainsi l’auteur d’une parole ou d’un geste qu’il pensait vouloir signifier autre chose que ce qu’il signifie réellement est excusé et ne devient pas mécréant. Celui qui devient mécréant est celui qui dit ou commet ce qu’il comprend ; même s’il ignore que cela cause son apostasie.

 

Celui qui commet l'acte délibérément sans avoir l'intention de sortir de l'Islam


S’il fait exprès de faire cet acte d’apostasie en connaissant sa signification, mais ne sait pas que cela cause son apostasie ; il n’est absolument pas excusé et devient réellement apostat même s’il ignorait cela.


Par exemple : celui qui sacrifie un animal en prononçant le nom d’un autre qu’Allah, et qu’il sait que ce geste sert à obtenir la bénédiction et l’aide du nom qu’il a prononcé : c’est un idolâtre mécréant qui sort de l’Islam, même s’il ne voulait pas sortir de l’Islam en commettant cet acte.


Ou alors celui qui se moque d’Allah ou du prophète, en les décrivant de manière rabaissant tout en sachant ce que signifie les mots utilisé : il devient mécréant même s’il ignore que cela le fait sortir de l’Islam.


Allah a dit : « Et si tu leur demandais, ils diraient sûrement « Nous ne faisions que bavarder et jouer ! » Dis « Est-ce d’Allah, de Ses versets et de Son messager que vous vous moquiez ? Ne vous excusez pas, vous êtes certes devenu mécréants après avoir eu la Foi. » Sourate 9 verset 65, 66.

 

Ibn Taymiya dit au sujet de ce verset :

فدل على أنهم لم يكونوا عند أنفسهم قد أتوا كفراً، بل ظنوا أن ذلك ليس بكفر، فبين أن الاستهزاء باللّه وآياته ورسوله كفر يكفر به صاحبه بعد إيمانه، فدل على أنه كان عندهم إيمان ضعيف، ففعلوا هذا المحرم الذي عرفوا أنه محرم، ولكن لم يظنوه كفراً، وكان كفراً كفروا به، فإنهم لم يعتقدوا جوازه

  « Cela prouve qu’ils ne pensaient pas avoir commis une mécréance, mais au contraire ils pensaient que ce n’était pas une mécréance. Cela nous montre que la moquerie envers Allah, Ses versets et Son messager est une mécréance qui fait de son auteur un mécréant après la Foi. Cela prouve qu’ils avaient une Foi faible, qui les a fait commettre ce péché, et ils savaient que c’était un péché, mais ne pensait pas que c’était une mécréance. Malgré cela, ils devinrent mécréants pour avoir fait ça, et ils n’ont jamais cru qu’il leur était permis de le faire. » [Majmoû‘ Al Fatâwâ 7/274]


Et il dit:

ولهذا قال سبحانه وتعالى: {لا تَعْتَذِرُوا قَدْ كَفَرْتُمْ بَعْدَ إِيمَانِكُمْ} ولم يقل قد كذبتم في قولكم إنما كنا نخوض ونلعب فلم يكذبهم في هذا العذر كما كذبهم في سائر ما أظهروه من العذر الذي يوجب براءتهم من الكفر كما لو كانوا صادقين بل بين أنهم كفروا بعد إيمانهم بهذا الخوض واللعب.

  « C’est pour ça qu’Allah a dit « Ne vous excusez pas, vous avez certes mécru après avoir eu la Foi » et Il n’a pas dit « vous mentez lorsque vous prétendez que vous ne faisiez que jouer et bavarder ! » Allah n’a pas démentit ce prétexte-ci bien qu’Il démentit tous les autres prétextes qu’ils prétendaient, qui les auraient innocenter de la mécréance s’ils avaient été sincère, mais Allah a au contraire expliqué qu’ils ont mécru après avoir eu la Foi pour cette blague et cet amusement » [Sârim Al Masloûl page 517]


Ce que veut dire Ibn Taymiya ici, c’est que ces gens qui se sont moqué du messager d’Allah et des compagnons se sont justifier en affirmant qu’ils disaient ça pour blaguer et qu’ils ne pensaient pas vraiment ce qu’ils disaient dans leur cœur, et qu’Allah n’a pas contredit ce fait sauf que cela ne les empêcha pas de sortir de l’Islam, car s’ils avaient une once de Foi dans le cœur ils n’auraient jamais osé tenir des propos de la sorte.

 

Et il dit :

فمن قال أو فعل ما هو كُفْرٌ كَفَرَ بذلك وإن لم يقصد أن يكون كافرا إذ لا يقصد الكفر أحد إلا ما شاء الله 

« Celui qui dit ou fait ce qui est une mécréance devient mécréant par cela, même s’il n’avait pas l’intention d’être un mécréant ; vu que personne n’a l’intention de la mécréance, à moins qu’Allah le veuille. » [Sârim Al Masloûl, pages 177, 178]

 

Et Mouhammad Ibn ‘Abdelwahhâb dit :

إذا نطق بكلمة الكفر، ولم يعلم معناها، صريحا واضحا أنه نطق بما لا يعرف معناه؛ وأما كونه لا يعرف أنها لا تكفره، فيكفي فيه قوله: {لا تَعْتَذِرُوا قَدْ كَفَرْتُمْ بَعْدَ إِيمَانِكُمْ} ،فهم يعتذرون من النبي صلى الله عليه وسلم ظانين أنها لا تكفرهم.

« Lorsqu’il prononce une parole de mécréance sans savoir ce qu’elle signifie, et qu’il est claire et évident qu’il a prononcer une parole dont il ne connaît pas le sens ; par contre si c’est juste qu’il ignore qu’elle le rend mécréant [tout en connaissant son sens] alors il suffira de lire le verset « Ne vous excusez-pas, vous avez mécru après avoir eu la Foi » ils se justifièrent auprès du prophète qu’Allah le bénisse et le salue, pensant qu’ils n’avaient pas mécru » [Dourar As-Saniyya 10/125]

 

Soulaymân ibn Abdallah Âl Cheykh dit :

وفي الآية دليل على أن الرجل إذا فعل الكفر ولم يعلم أنه كفر لا يعذر بذلك، بل يكفر

« Ce verset est une preuve que lorsqu’un homme commet une mécréance sans savoir que c’est une mécréance, il n’est pas excusé pour ça, mais il devient bien mécréant. » [Taysîr Al ‘Azîz Al Hamîd, page 537]

 

Points à retenir :


Ø  L’erreur est un empêchement d’apostasie qui ne concerne que le musulman monothéiste.

 

Ø  L’erreur est un empêchement d’apostasie en ce qui concerne le fait de commettre l’acte ou de prononcer la parole par erreur.

 

Ø  Celui qui dit une parole qu’il ne comprend pas, ou qu’il pense signifier autre chose que ce qu’elle signifie réellement : il n’est pas jugé pour ce qu’il a dit. De même pour le geste.

 

Ø  Celui qui prononce une parole ou commet un acte exprès et conscient de sa signification, il sera jugé pour cela même s’il ne voulait pas devenir un mécréant par-là.



[1]              Il est Aboû Abdilleh Chamsou Dîn Mouhammad Ibn Mouflih Ibn Mouhammad Ibn Mafraj. Il était le plus érudit dans la tendance Hanbalite de son époque. Il est né à Jérusalem en 708 de l’hégire (1308) et décéda à Damas en 763 (1362).

Partager cet article
Repost0

commentaires

 

Tahakoum

 

  Le-Takfir-copie-1.jpg

 

  notion-de-base.jpgfleche2.jpg

  fleche.jpgReponse-aux-ambiguites.jpg

 

Comprendre l'Islam avec facilité

 

Comment se reconvertir a l'Islam

Recherche

  8365-حَدَّثَنَا فُضَيْلُ بْنُ عِيَاضٍ ، عَنِ الأَعْمَشِ ، عَنْ خَيْثَمَة ، عَنْ عَبْدِ اللهِ بْنِ عَمْرٍو , قَالَ : يَأْتِي عَلَى النَّاسِ زَمَانٌ يَجْتَمِعُونَ وَيُصَلُّونَ فِي الْمَسَاجِدِ وَلَيْسَ فِيهِمْ مُؤْمِنٌ. [مستدرك الحاكم برقم ٨٣٦٥]


Foudhayl Ibn Iyadh nous   rapporte, d’après Al-Amach, d’après Haythama, d’après Abd’Allah Ibn Amr   -qu’Allah les agrée- qui a dit : « Viendra au gens une époque ou il se rassemblerons et prierons dans les mosquées sans qu’il n’y est parmi eux, un seul croyant. » (Musulman Authentifié et rapporté par Al-Hakim n°8365, Ibn Abi Chayba n°30992, Kanz Al-Oumal n°31109, Al-Ajouri dans Al-shari’a page 87, Faryabi dans Sifat Al-Mounafiq n°101

 

30244- حَدَّثَنَا وَكِيعٌ ، عَن مُوسَى بْنِ عُبَيْدَةَ ، عَن وَهْبِ بْنِ وَهْبٍ ، عَن سَعِيدِ بْنِ الْمُسَيَّبِ ، عَن عُمَرَ ، أَنَّهُ كَانَ يَقُولُ إذَا اسْتَلَمَهُ يَعْنِي الْحَجَرَ : آمَنْت بِاللهِ وَكَفَرْت بِالطَّاغُوتِ. [مصنف ابن ابي شيبة برقم ٣٠٢٤٤]

 

Wakihrapporte, d’après Moussa Ibn Oubayda, d’après Wahb Ibn Wahb, d’après Saïd Ibn Al Moussayib, que Omar Ibn Al Khattab -qu'Allah les agrées- lorsqu’il touchait la pierre noir, disait : « J’ai Foi en Allah et je mécroie au Taghout » Rapporté par Ibn Abi Chayba dans sont Moussanaf n°30244 et n°16044

 

3518- حَدَّثَنَا حَاتِمُ بْنُ إسْمَاعِيلَ ، عَنْ جَعْفَرٍ ، عَنْ أَبِيهِ ، قَالَ : كَانَ عَلِيُّ بْنُ الْحُسَيْنِ يُعَلِّمُ وَلَدَهُ يَقُولُ قُلْ آمَنْت بِاَللَّهِ وَكَفَرْت بِالطَّاغُوتِ. [مصنف ابن ابي شيبة برقم ٣٥١٨]

 

Hatim Ibn Ismaïl rapporte d'après jaffar, d'après sont père qui dit: « Ali Ibn Al Housseyn -qu'Allah les agrées- enseignait a son fils ces paroles : « Dis : J’ai cru en Allah et mécru au Taghout. » Rapporté par Ibn Abi Chayba dans sont Moussanaf n°351

 

 

Mouadh Ibn Jabal –qu’Allah l’agrée- a dit : « J’accepte la vérité de quiconque l’apporte même si c’est un mécréant ou un pervers, et méfiez vous de l’égarement du sage, ils ont dis : comment savoir lorsqu’un mécréant dit une parole de vérité ? Il dit : la vérité est lumière. » Authentique rapporté par Abou Daoud n°4611 (202/4) Al-Hakim n°8422 (4/507) Bayhaqi n°20705 (10/210) Dhahabi 1/405 Majmoû‘Al Fatâwâ

Catégories